Retour sur un scoop : quand Valls a voulu démissionner de Matignon...
Fin novembre 2016, le Premier ministre avait décidé de donner sa démission pour candidater à la primaire du PS. Mais le président Hollande a décidé de jeter l'éponge avant... Un épisode méconnu.
Il y a quelques jours, j’ai rencontré un jeune journaliste politique qui m’avait proposé de prendre un café pour parler du métier. Ce dernier connaissait mon travail d’enquête, et il était curieux de connaître certaines de mes ficelles pour dénicher des infos : « Mais comment arrives-tu à te glisser au coeur du réacteur sans être physiquement présent ? » me demande-t-il en substance.
Parmi les conseils que je lui donne alors : il n’y a rien de mieux que d’élargir au maximum ses sources pour récupérer des scoops. Bref, il s’agit de ne pas en rester au off des entourages politiques qui ont souvent plus intérêt à « ambiancer » les journalistes, et à leur transmettre les fameux « éléments de langage ».
Quand la petite histoire politique se fait, ces entourages ont en fait une peur panique que les journalistes découvrent la réalité des coulisses, la véracité des rapports de force. Pas question pour eux que leur ministre ou leur élu puisse apparaître en mauvaise posture. Pas question que leurs manigances, leurs tactiques, soient dévoilées avant d’être éprouvées, et surtout avant qu’elles puissent être « vendues » aux Français par des stratégies de com’ et d’image. En politique, il est toujours dangereux de trop en dire. Et souvent, les meilleurs réussissent à taire leurs ambitions.
Mais que signifie élargir au maximum ses sources ? Notamment pour un journaliste politique ou un journaliste tout court ? Il s’agit avant tout de ne pas privilégier un entre soi, et de considérer qu’aucune source n’est mauvaise en soi. Même en couvrant la politique, et peut-être surtout quand vous êtes chargé de la suivre, je conseille ainsi de rester en contact constant avec des chefs d’entreprise, des relais d’opinion associatifs, des capteurs locaux dans les circonscriptions loin de Paris, des simples citoyens intéressés par la politique et qui peuvent échanger avec leurs élus, mais également Français expatriés, soutiens financiers d’éventuels candidats, policiers, magistrats, analystes financiers ou artistes… Car toute ambition présidentielle ne naît jamais de nulle part. Chaque responsable politique a son terreau de départ, c’est au journaliste de le découvrir, d’en comprendre son histoire. Et ce souci d’un carnet d’adresses (et de sources) diversifié est le meilleur moyen d’échapper au phénomène de la « bulle médiatique » qui a souvent trop tendance à s’auto-intoxiquer en meute.
« Je ne me vois pas à 60 ans faire de la politique »
Entre 2014 et 2015, quand j’avais enquêté sur Emmanuel Macron, nommé tout juste ministre de l’Économie, pour Marianne puis pour mon livre L’Ambigu Monsieur Macron (Flammarion, 2015, Points Seuil, 2018), j’avais élargi au maximum mes sources : j’avais ainsi exhumé une partie de son réseau d’affaires (à travers une centaine d’entretiens on et off), notamment à la banque Rothschild, sur la place de Paris, à l’Inspection Générale des Finances… J’avais également rencontré l’un de ses premiers mentors, Henry Hermand, l’industriel des centres commerciaux, et l’ami (et soutien financier) de Michel Rocard…
Et c’est en parlant avec l’ensemble de ces contacts, pourtant fort éloignés en apparence de la bulle politique, que j’avais compris qu’Emmanuel Macron était en train de se préparer à la présidentielle de 2017. Quand je l’avais interviewé à l’été 2015 dans le cadre de ce livre, il m’avait d’ailleurs donné un indice, une manière subtile de confirmer mon enquête : « Il faut se donner une durée : pas plus de dix ou quinze ans en politique. Je ne me vois pas à 60 ans faire de la politique. Il ne faut pas essayer de durer, mais de faire ». À l’époque, à ses communicants control freaks issus d’Havas (notamment le fameux Ismaël Emelien), j’avais accordé poliment un droit de lecture des citations (et non une réécriture, qui signifie souvent un off imposé après coup, et j’avais été très clair à ce sujet, relecture ne signifie pas réécriture…).
Or, malgré mes conditions très strictes, ces communicants avaient osé me demander d’enlever cette fameuse citation, trop révélatrice à leur goût de la suite des événements (d’autant plus qu’ils avaient compris que j’avais compris que leur champion Macron allait bien faire le grand saut de la présidentielle, dès 2017). J’avais bien évidemment refusé de supprimer cette citation de mon ouvrage (citation qui confirmait la conclusion de mon enquête !) malgré les cris d'orfraie de mes interlocuteurs : « Ce n’était pas le deal ! » Si, si, quand on accorde une interview, bien évidemment que c’est au journaliste de conserver le final cut des citations. Sinon, autant passer à l’IA.
Pour revenir au sources : en réalité, l’intérêt, la fiabilité et la crédibilité d’une source se teste sur le temps, au gré des informations qu’elle transmet. Pour un journaliste, il n’y a rien de pire que l’expression « les milieux autorisés me disent que… » Autorisés par qui et pour quoi ? Si, par cette expression, il s’agit de nommer pudiquement au public les fameux conseillers communication… c’est réduire particulièrement la fonction du journalisme au rôle de porte-voix. Or, enquêter, « construire » une information, en la dégotant puis en la vérifiant, sans forcément être « autorisé » par les communicants, est normalement la base du métier.
Quand j’apprends que Valls prépare sa sortie et va démissionner
Ces réflexions au sujet des sources me font penser à un autre épisode intéressant, et pour le moins méconnu, encore aujourd’hui. Fin 2016, le 27 novembre exactement, Manuel Valls accorda une interview assez franche au JDD dans laquelle il semblait annoncer une prise de distance à l’égard de François Hollande, son patron : « La loyauté n'exclut pas la franchise », balançait-il alors. Commentaire à l’époque du Journal du Dimanche : « Face au "doute" et au "désarroi" qui minent la majorité, le Premier ministre Manuel Valls accentue la pression sur François Hollande. Il n'exclut plus désormais d'être candidat contre lui à la primaire de la gauche.»
Or, au cours de ce week-end, j’apprends via une source dans le milieu de l’audiovisuel que Manuel Valls est clairement en train de préparer sa sortie, et qu’il a même décidé de démissionner le lundi qui suit. Pourquoi l’audiovisuel ? Tout simplement parce qu’à l’époque une pièce centrale de la future campagne travaillait pour la RTBF, la Radio Télé belge francophone, et que j’apprends par ma source initiale, que ce cadre a été démarché très explicitement par l’entourage de Manuel Valls pour rejoindre sa future campagne. Ces précisions, et la qualité de la source initiale que j’avais eu l’occasion de « tester » les mois précédents, m’amenait à penser que ces éléments étaient particulièrement « bétons ».
Le jour dit, pourtant, après la visite de Manuel Valls à l’Élysée, rien ne se passe comme prévu. J’essaye d’en savoir plus auprès d’autres sources, pour le coup, au coeur de la machine du PS de l’époque. J’arrive à me faire confirmer par deux contacts, notamment un hiérarque du PS, que Manuel Valls est bien venu voir François Hollande pour lui annoncer sa démission surprise, mais que rien ne s’est passé comme prévu. Comment le président a-t-il réussi à bloquer la démission de son Premier ministre ?
À l’époque, j’en parle rapidement à la direction de Marianne, mais les premières réactions sont prudentes, voire timorées : cette histoire de démission avortée leur apparaît farfelue. J’explique alors aux intéressés que j’ai pourtant déjà recoupé (c’est-à-dire vérifier auprès d’autres sources non liées entre elles) une bonne partie des mes informations, et que malgré l’aspect invraisemblable d’un tel projet de démission du Premier ministre, c’est bien ce qui était alors mis sur la table au plus haut niveau de l’État. À Marianne, comme souvent, c’est Soazig Quéméner, la rédactrice en cheffe alors chargée de la politique (elle vient d’arriver dans l’équipe de La Tribune Dimanche), qui me pousse à creuser ma piste. Elle, est enthousiaste. Elle sait que j’ai eu souvent par le passé une capacité à sortir des infos (il faut dire c’était tout juste un an après la sortie de mon livre, le premier, sur Emmanuel Macron).
Le temps presse, et je propose alors à Soazig de m’aider à travailler sur un projet d’article écrit à quatre mains. Dans un premier temps, comme elle sait que je suis à l’origine de ces informations, elle hésite avec élégance à « s’inviter » dans le papier en le cosignant, malgré mon invitation. Lundi soir, je lui explique qu’en si peu de temps (en gros un peu plus de 24 heures avant le bouclage de Marianne), il serait peut-être hasardeux pour moi de me lancer seul afin de bétonner totalement le papier comme me le demandait la direction.
Éléments d’ambiance et recoupements
Ce lundi soir, une ambiance étrange s’empare de l’entourage de François Hollande, comme un silence, un malaise… chacun se demande ce que va faire le président, acculé par ses propres troupes depuis plusieurs semaines après l’ouvrage de Davet et Lhomme, comment va-t-il pouvoir rebondir. Finalement, l’info qu’Hollande a confié à son Premier ministre qu’il allait se retirer de la course présidentielle, qu’il allait l’annoncer dans les prochains jours, et qu’il n’était donc pas nécessaire de démissionner, me parvient (et non par un coup de pression comme je l’avais supposé au début des premiers recoupements).
Ensuite, je n’en ai plus totalement le souvenir, mais à force de vérifications, et dès lors qu’une première version du papier était prête et présentée, le directeur de la rédaction, Renaud Dély, ancien rédacteur en chef politique de Libération, a senti, lui aussi, le scoop venir, et s’est mis à se renseigner auprès de ses sources historiques, notamment un hiérarque du PS que j’avais moi même interrogé quelques heures plus tôt, et qui m’avait en grande partie confirmé l’histoire. C’est alors qu’on a pu rajouter encore quelques éléments d’ambiance supplémentaires à l’article final, au sujet de la fameuse rencontre à l’Élysée entre Manuel Valls et François Hollande, avec quelques propos rapportés (De deuxième main donc).
Et c’est ainsi que le vendredi 2 décembre 2016 le nouveau Marianne en kiosques a pu afficher fièrement cette manchette « Le jour où Hollande a dit qu’il ne serait pas candidat… et où Valls a choisi de le croire », moins de douze heures après l’allocution officielle à la télévision du président Hollande dans laquelle il expliquait aux Français qu’il avait décidé de ne pas se présenter à l’élection présidentielle de 2017. Mieux qu’un épisode d’House of Cards ou du Baron Noir.
Couverture du magazine Marianne du 2 décembre 2016, publié le lendemain de l’allocution présidentielle dans laquelle François Hollande annonce aux Français qu’il ne se présentera pas à l’élection présidentielle de 2017.
Et voici l’article, exclusif à l’époque, publié dans ce fameux numéro (je remercie au passage Natacha Polony, l’actuelle directrice de Marianne de m’avoir autorisé à le publier aujourd’hui in extenso via ma newsletter) :
Le jour où Valls a choisi de croire Hollande
Par Marc Endeweld, Soazig Quéméner, Renaud Dély (Marianne, 2016)
Décidé à démissionner de Matignon pour se lancer dans la course à l'Elysée, Manuel Valls n'en a rien fait. Le président lui a en effet laissé entendre que lui-même ne serait peut-être pas candidat. Récit.
Tout était décidé, tout était prêt. Manuel Valls avait organisé son évasion.
Cette semaine, ce mandat présidentiel qui ne ressemble décidément à aucun autre a été à deux doigts d'enregistrer le départ du Premier ministre, en plein état d'urgence et alerte terroriste maximale. Selon nos informations, le locataire de Matignon était bel et bien déterminé à annoncer sa démission à François Hollande lundi dernier à la mi-journée. Trois mois après le départ d'Emmanuel Macron, et surtout quinze jours après l'annonce de la candidature de cet ex-ministre de l'Economie qui l'obsède au plus haut point, le « M. 5 % » de la primaire de 2011 souhaitait à son tour se lancer dans la course à l'Elysée.
Ce lundi 28 novembre, comme chaque semaine, Manuel Valls est attendu à l'Elysée à 12 h 30 pour un tête-à-tête avec François Hollande. Exceptionnellement, une demi-heure plus tôt, le chef du gouvernement a un autre rendez-vous, avec le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis. Il l'accueille dans son bureau à midi, au premier étage de l'Hôtel Matignon. Valls lui déclare aussi sec son intention de démissionner pour annoncer sa candidature à la primaire de la gauche fin janvier. Pour justifier sa décision, le chef du gouvernement évoque une nouvelle fois la « colère » des élus socialistes à l'encontre de François Hollande depuis la publication de son livre de confidences, l'image brisée du président dans l'opinion, et le besoin d' « autorité » et d' « incarnation » qui remonterait, selon lui, des tréfonds du pays. Jean-Christophe Cambadélis le met en garde contre le rapport de forces au sein du parti qui lui serait défavorable. Il en appelle surtout à son « sens de l'Etat » pour ne pas commettre l'irréparable. Ebranlé par la réaction du premier secrétaire du PS, Manuel Valls n'en reste pas moins décidé à remettre sa démission à François Hollande lorsqu'il arrive à l'Elysée. Avant de quitter Matignon, le Premier ministre convoque d'ailleurs son cabinet restreint pour le début d'après-midi. Il a prévu d'officialiser son départ à ce moment-là devant son cercle de proches, à son retour de l'Elysée.
Valls passe la Seine pour se rendre chez son supérieur. A l'Elysée, changement de rive, de décor et de ton. Il retrouve d'abord Hollande pour un bref tête-à-tête d'un quart d'heure dans son bureau, au premier étage du Château. L'accueil est frisquet.
« Je ne me présenterai pas contre toi à la primaire », l'assure Valls. « Ce n'est pas ce que j'avais compris en lisant ton interview », réplique Hollande.
La veille, dans le JDD , Valls semblait bien agiter sa candidature quelques heures après que Claude Bartolone a souhaité que les deux têtes de l'exécutif se mesurent à la primaire. Alors que Hollande se trouvait à des milliers de kilomètres de là, retenu au sommet de la francophonie de Madagascar, Valls avait déclenché là un incroyable bras de fer. A la lecture de cet entretien dominical, plusieurs proches du président l'ont d'ailleurs assailli pour lui réclamer la tête de l'insolent et son remplacement par Bernard Cazeneuve à Matignon. François Hollande n'y songe pas un instant.
Aveu de faiblesse
A Matignon, Valls est ligoté, pas question de le virer et de lui rendre sa liberté. C'est pourquoi ce lundi, quand son second précise sa pensée, Hollande comprend aussitôt ce qu'il a en tête . « Il ne peut pas y avoir d'affrontement institutionnel. Je ne me présenterai pas en tant que Premier ministre », insiste Valls. C'est donc qu'il s'apprête à partir... Pour l'en empêcher, le président change d'attitude lors de leur déjeuner qui commence vers 13 heures, au rez-de-chaussée du Château. Après avoir disserté sur les conséquences de la désignation de François Fillon comme champion de la droite, François Hollande reprend l'antienne du « sens de l'Etat » qui doit animer le couple exécutif pour faire face à des circonstances « historiques » difficiles. Puis il évoque longuement l'état du pays, la faiblesse de la gauche et ses profondes divisions. « Qui est le plus à même de la rassembler ? », s'interroge-t-il à voix haute. Le chef de l'Etat fait assaut de lucidité, il reconnaît volontiers l'extrême difficulté de sa situation. Bref, serein, apaisé, il laisse clairement entendre à son hôte qu'il ne sera pas candidat à la présidentielle. François Hollande ne le promet pas explicitement, ce n'est pas son genre. Mais il énumère avec tant de force tous les obstacles, nombreux, divers, insurmontables, qui se dressent sur sa route que son retrait apparaît comme une issue logique. Il conclut d'ailleurs en glissant à Valls que s'il n'y va pas, ce sera son tour, « évidemment ».
Le Premier ministre est saisi. Il ne s'attendait pas à un tel aveu de faiblesse. François Hollande a-t-il bluffé ? C'est possible. Manuel Valls n'est pas dupe. Il connaît l'animal, tout en silences et en allusions. Mais il remballe sa démission pour choisir de lui faire confiance. Une fois encore. Pas le choix. Ce serait trop bête de tout gâcher en déclenchant une crise institutionnelle si le chef de l'Etat confirme dans quelques jours qu'il ne se présente pas.
Quand le « PM » réapparaît à Matignon sur le coup de 14 h 45, il est rouge, tout rouge. De fureur... envers lui-même. Son plan savamment pensé s'est écroulé : il n'a pas pu présenter sa démission. Devant ses collaborateurs, Manuel Valls ne cache pas sa rage. « "Culbuto" nous tient par les couilles ! » vitupère-t-il. « Culbuto » ? Le surnom aimablement attribué depuis des années au PS au président pour sa faculté à basculer, à presque toucher terre et à toujours réussir à se redresser.
Partie de poker
Pour son plus grand malheur, Manuel Valls a compris qu'il était ligoté à l'annonce de « Culbuto »... Et qu'il n'avait d'autre choix que de l'attendre. Dans la foulée, l'Elysée et Matignon annoncent dans un bel ensemble à l'Agence France presse que l'orage est passé. Circulez, il n'y a plus rien à voir. « Il ne peut y avoir et il n'y aura jamais de crise institutionnelle », déclare officiellement le Premier ministre. « Le président n'a pas encore pris sa décision » , souligne-t-on à l'Elysée en précisant : « Et chaque jour qui passe, le président est de plus en plus mystérieux. » L'arme au pied, Manuel Valls est condamné à la patience, quelques jours encore, convaincu que son tour viendra bientôt.
En attendant, il s'organise et ratisse large, jusque parmi les proches de... Martine Aubry. Samedi soir, un député proche de la maire de Lille adressait ce SMS à de nombreux élus : « Bonsoir, demain dans le JDD, interview de Manuel Valls. Gravité de la situation, nécessité de se rassembler face à la droite, grande exigence sur la qualité de la candidature de la gauche de gouvernement. Nécessité de jouer collectif autour du meilleur. » « Chacun est face à son destin . Manuel Valls a essayé de dire qu' il ne pouvait y avoir de décision solitaire, à l 'usure », résume Francis Chouat, l'actuel maire d'Evry. Un autre fidèle du chef du gouvernement, Christian Gravel, ancien responsable de la communication de l'Elysée, a commencé à démarcher de possibles compagnons de route pour la campagne de son patron. Avec ce message : « Manuel Valls s'en va. Il va l'annoncer à Hollande. Tu viens avec nous ? »
Depuis l'orage du week-end dernier, dans les camps des deux belligérants, on retient son souffle. A l'Elysée, certains conseillers ne répondent même plus au téléphone.
« Je fais silence jusqu'à l'annonce de la décision du PR », explique l'un d'entre eux par SMS. Les vallsistes ne sont pas plus diserts. Après l'ahurissant jeu de dupes de ce déjeuner du lundi 28 novembre, la partie de poker tire à sa fin. Ce jeu puéril et mortifère entre deux hommes à qui les sondages promettent au mieux la cinquième place dans l'ordre d'arrivée à la présidentielle exaspère la gauche entière.
La primaire en question
Et pendant que Manuel Valls s'applique à maintenir la pression en multipliant les petites phrases à double sens, une campagne parallèle a été engagée par le dernier carré de fidèles de François Hollande. Sur toutes les ondes, ils s'affairent à instiller le doute sur le sens et même la validité d'une primaire tronquée, privée d'Emmanuel Macron, de Jean-Luc Mélenchon, de Sylvia Pinel (PRG) et de l'écologiste Yannick Jadot. « Il faut un rassemblement, déclare Bruno Le Roux, le patron des députés PS. Et aujourd'hui, on voit que la primaire, malheureusement, ne permet pas ce rassemblement. » Sans compter le risque de voir cette consultation virer au référendum anti-Hollande, y compris avec le renfort d'électeurs de droite ou de gauche radicale comme l'a publiquement envisagé Arnaud Montebourg. Une candidature de Hollande hors primaire apparaîtrait sans doute aujourd'hui comme un insupportable fait du prince, et d'un prince tellement affaibli qu'il déclencherait la révolte de ce qui reste de la gauche. Finalement, critiquer comme le font les hollandais la règle du jeu des primaires, et la légitimité d'un scrutin qu'ils avaient pourtant cautionné par l'intermédiaire de Jean-Christophe Cambadélis, n'est-ce pas un moyen de préparer la sortie de leur champion ? De lui chercher une issue de secours ? C'est ce que veut croire Manuel Valls. Patience, plus que quelques jours...
Effectivement, aucune source n'est mauvaise quelles que soient ses intentions. Tout ce qui importe est la véracité des faits et l'intérêt public qu'il y a à les publier.
L'arnaque des communicants est de faire croire à leurs clients qu'eux seuls peuvent leur garantir un bon accès à la presse et de faire croire à la presse l'accès à leur client est impératif...
La plupart du temps, le travail dit "d'environnement" paie plus que d'être coeur du réacteur...